La rectocolite hémorragique (colite) est une maladie inflammatoire de l'intestin dont les effets sont l'inflammation et la formation de lésions dans la paroi du rectum et du gros intestin (côlon). C'est une affection chronique bien que ses symptômes puissent disparaître pendant plusieurs mois avant de se déclarer à nouveau. La rectocolite hémorragique se manifeste généralement pour la première fois chez des hommes et femmes entre 15 et 40 ans, mais il arrive dans certains cas qu'elle ne se déclare pas avant la soixantaine.
Causes
D'après les chercheurs, la rectocolite hémorragique survient lorsque le système immunitaire produit une réponse exagérée pour défendre l'organisme contre un virus, une bactérie, ou une substance alimentaire ou environnementale à l'intérieur de la paroi intestinale. On ne connaît toujours pas exactement la nature du phénomène déclencheur de la maladie, mais l'on pense que celui-ci diffère d'une personne à l'autre.
La rectocolite hémorragique est une affection auto-immune qui a tendance à apparaître chez des personnes qui ont des antécédents familiaux de cette maladie. Elle s'apparente à d'autres maladies auto-immunes dans lesquelles le système immunitaire de l'organisme attaque par erreur ses propres tissus au lieu de ne combattre que les infections. La rectocolite hémorragique survient plus généralement chez les personnes de type caucasien, en particulier celles d'origine juive.
Certains phénomènes déclencheurs issus du milieu ambiant peuvent également entraîner la colite. Par exemple, les personnes qui vivent en milieu urbain sont plus exposées au développement de la maladie que les personnes vivant en zones rurales.
Symptômes et Complications
Le principal symptôme de la rectocolite hémorragique est la diarrhée sanglante causée par l'inflammation de l'intestin. Les personnes atteintes de colite peuvent aller à la selle de 3 à 20 fois par jour, et même perdre le contrôle de leurs intestins, au point d'avoir la diarrhée pendant leur sommeil, en cas de colite aiguë.
Les autres signes et symptômes de rectocolite hémorragique comprennent la liste suivante :
- des douleurs ou crampes dans le bas de l'abdomen (en particulier pendant la défécation) ;
- des saignements rectaux ;
- une anémie (carence en fer) provoquée par la perte de sang pendant la diarrhée ;
- un besoin urgent d'aller à la selle ou une incontinence (perte de contrôle des intestins) ;
- une perte de poids ou d'autres signes de malnutrition (par ex. de la fatigue ou un malaise) ;
- une fièvre (température supérieure à 37,5 °C), en particulier dans le cas de symptômes graves de la maladie.
Certaines personnes atteintes de colite peuvent développer de l'arthrite, des éruptions cutanées, une inflammation de l'œil, et pour environ 4 % d'entre elles une maladie du foie. Chez les enfants, la rectocolite hémorragique peut entraver le processus de croissance. Il y a aussi des complications sérieuses comme une hémorragie et une inflammation potentiellement grave de la paroi intestinale (mégacôlon toxique).
Les personnes atteintes de colite ulcéreuse courent également un risque accru de cancer colorectal. Le risque de cancer du côlon augmente avec le temps, mais un examen médical régulier peut contribuer à diminuer ce risque.
Traitement et Prévention
Chez les personnes atteintes de rectocolite hémorragique, certains régimes alimentaires peuvent contribuer à maîtriser les poussées de la maladie, bien qu'un traitement médicamenteux soit également nécessaire. Par exemple, certaines personnes remarquent que le lait déclenche l'apparition de leurs symptômes et l'excluent donc de leur alimentation. Lors d'un accès de la maladie, le fait d'éviter la consommation de son, et de fruits et légumes crus peut contribuer à mieux gérer les symptômes puisque ces aliments sont susceptibles d'aggraver la diarrhée.
Les aminosalicylates sont des médicaments anti-inflammatoires. Parmi ceux-ci, on retrouve la mésalazine* (5-AAS ou acide 5 aminosalicylique), l'olsalazine, et la sulfasalazine. Ils maîtrisent souvent entièrement les symptômes. Les effets secondaires incluent la nausée, des vomissements, des maux de tête, une coloration orange de l'urine et dans de rares cas, une hémorragie gastro-intestinale.
Les corticostéroïdes sont utiles pour réduire l'inflammation, en particulier pendant les poussées. Ils peuvent être administrés en suppositoires ou lavement, mais on les prend souvent en comprimés. Le budésonide, l'hydrocortisone et la prednisone sont des exemples de corticostéroïdes. Parmi les effets secondaires des stéroïdes, on recense un gain de poids, de l'acné, une pression artérielle élevée, un risque accru d'infections et d'une élévation anormalement haute du taux de sucre sanguin (diabète mellitus). L'ostéoporose et d'autres complications pour la santé sont susceptibles de se produire lors d'une utilisation à long terme.
On peut essayer des médicaments immunosuppresseurs, tels que l'azathioprine ou le méthotrexate, si les médicaments mentionnés ci-dessus ne maîtrisent pas les symptômes. Ces médicaments aident à inhiber le système immunitaire qui cesse alors d'attaquer les tissus de la personne touchée.
Les bloqueurs du facteur de nécrose tumorale ou médicaments biologiques, comme l'infliximab, sont administrés sous forme d'injection aux personnes atteintes de symptômes modérés à graves lorsque les autres traitements se sont avérés inefficaces.
Environ le tiers des personnes atteintes de rectocolite hémorragique auront un jour besoin d'une intervention chirurgicale pour traiter les saignements ou pour prévenir le cancer colorectal. La chirurgie est le seul traitement curatif pour la colite ulcéreuse et les personnes qui se font enlever le côlon peuvent toujours mener une vie normale en suivant un régime alimentaire et des traitements appropriés.
En temps normal, les déchets circulent depuis l'estomac, en passant par l'intestin grêle et le gros intestin (côlon), jusqu'au rectum, où ils sont évacués de l'organisme. Jusqu'à récemment, l'intervention chirurgicale nécessitait l'ablation du côlon et du rectum, ainsi que la création d'un petit orifice sur le côté de l'abdomen, au niveau de la taille. Le chirurgien reliait l'extrémité libre de l'intestin grêle (la partie qu'on appelle iléon) à l'orifice, sur lequel le patient portait une poche, qui recueille les déchets et qu'on peut vider au besoin (habituellement 3 ou 4 fois par jour).
Une intervention plus récente, appelée anastomose iléoanale, permet aux patients d'aller à la selle de façon plus normale après leur opération. Le chirurgien procède à l'ablation du côlon, mais il ne touche pas aux muscles externes du rectum, attachant ainsi l'iléon à l'intérieur du rectum et de l'anus. Cette opération crée une poche interne de tissu intestinal. La poche peut parfois être enflammée (on parle de pouchite), mais il existe un traitement antibiotique dans ce cas.

