Existe-t-il des traitements efficaces de la colite ?

20.11.12


Par le professeur Philippe Ducrotté, hépato-gastro-entérologue (CHU de Rouen)
La colopathie (syndrome de l'intestin irritable) se caractérise par une douleur chronique de l'abdomen associée à des perturbations du transit intestinal (diarrhée, constipation, alternance des deux), plus nettes quand la douleur se majore. Ces symptômes surviennent en dehors de toute anomalie anatomique intestinale identifiable par l'endoscopie ou la radiologie. L'aggravation de la douleur par l'alimentation est fréquente mais le niveau de preuve de l'utilité d'un régime est faible. L'enrichissement en fibres améliore une constipation mais aux doses efficaces, les fibres peuvent majorer l'inconfort abdominal.
Les médicaments de première intention demeurent les antispasmodiques pour agir sur les troubles de la motricité intestinale, les pansements gastro-intestinaux à base d'argile, ou le citrate d'alvérine qui agit aussi sur l'hypersensibilité intestinale existant chez plus de 50 % des patients. Les médicaments qui régularisent le transit (laxatifs, lopéramide) sont bénéfiques mais ont souvent peu d'effet sur la douleur abdominale.
Les médicaments de seconde intention sont ceux agissant sur la sensibilité intestinale. Les antidépresseurs tricycliques, à faibles doses, peuvent apporter un bénéfice réel sans somnolence ou sensations ébrieuses majeures. La dose efficace doit être atteinte progressivement. Les effets secondaires du traitement sont habituellement mineurs aux doses utilisées. Un essai thérapeutique d'un à trois mois semble légitime avant de conclure à l'inefficacité de cette classe. En cas d'efficacité, une diminution progressive des doses peut être envisagée au bout de six mois de traitement. En cas d'échec des antidépresseurs, quelques études cliniques rendent logique, dans les formes sévères, de recourir à des médicaments antiépileptiques type prégabaline ou gabapentine.
Des travaux récents ont souligné le rôle probable d'anomalies de la flore intestinale dans les symptômes. Dès lors, des études cliniques se sont intéressées aux effets potentiels des probiotiques, qui sont des bactéries, ou des levures exerçant un effet bénéfique sur la santé de l'hôte via un effet antibactérien ou immunomodulateur, après une ingestion en quantité suffisante. Certains résultats sont encourageants mais leur confirmation par d'autres essais est nécessaire.
Dans cette maladie multifactorielle, où le système nerveux central joue un rôle important, notamment dans la genèse de l'hypersensibilité, un traitement non médicamenteux peut être indiqué en cas de symptômes anciens, d'exposition régulière à des stress psychologiques ou d'une histoire d'événements de vie majeurs douloureux (divorce, deuil, une histoire d'abus sexuel…).
Dans de tels cas où la symptomatologie correspond souvent à une demande d'aide pour un important mal de vivre, une prise en charge non médicamenteuse peut est utile pour traiter ces «mots de ventre». L'hypnose, la relaxation, la sophrologie, des entretiens avec un(e) psychologue, la participation à un groupe de parole pour verbaliser les difficultés émotionnelles et/ou affectives sont autant d'alternatives. Des anxiolytiques ou des antidépresseurs, à doses faibles, peuvent être utiles pour leurs effets psychologiques. Les résultats d'une telle approche sont encore incomplètement évalués mais des études cliniques suggèrent qu'elle pourrait améliorer le vécu des symptômes, augmenter le nombre de malades améliorés par le traitement médicamenteux au cours des poussées et réduire la fréquence des poussées.

Partenaires

--- Trafic Booster --
Top Blog
---- Blog --- visiter l'annuaire blog gratuit --- http://www.bonweb.fr/?linkb=2694758 -- référencement gratuit --- visiter l'annuaire blog gratuit --- Annuaire Webmaster